Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
21 Mars 2025
Selon Plutarque, la veille de la grande attaque d’Octavien, des sons d’instruments mélodieux et un grand vacarme de danseurs poussant des cris bacchiques se firent soudain entendre dans la nuit. C’était comme si une troupe bruyante quittait la ville, et le tumulte cessa dès qu’elle franchit les portes. Cet événement impressionna profondément les habitants, qui y virent un signe : le dieu protecteur d’Antoine, Dionysos, l’abandonnait.
Le poème Antoine abandonné des dieux de Constantin Cavafy met en avant l’importance de préserver sa dignité face à la perte. Cavafy dépeint Antoine au moment où il entend cette troupe invisible s’éloigner de la ville et prend conscience que son dieu protecteur l’a abandonné. Cet instant crucial, où Antoine réalise que sa défaite est inévitable et que tout ce qu’il a acquis ainsi que tous ses projets pour l’avenir touchent à leur fin, revêt une signification particulière : c’est précisément à ce moment-là qu’il doit se respecter lui-même et ne pas céder à la lâcheté. S’il se mettait à supplier pour sa vie et à pleurer, comme le ferait un homme faible, il perdrait non seulement ses possessions et ses titres, mais aussi quelque chose de bien plus essentiel : sa dignité.
Σαν έξαφνα, ώρα μεσάνυχτ’, ακουσθεί
αόρατος θίασος να περνά
με μουσικές εξαίσιες, με φωνές—
την τύχη σου που ενδίδει πια, τα έργα σου
που απέτυχαν, τα σχέδια της ζωής σου
που βγήκαν όλα πλάνες, μη ανωφέλετα θρηνήσεις.
Σαν έτοιμος από καιρό, σα θαρραλέος,
αποχαιρέτα την, την Aλεξάνδρεια που φεύγει.
Προ πάντων να μη γελασθείς, μην πεις πως ήταν
ένα όνειρο, πως απατήθηκεν η ακοή σου·
μάταιες ελπίδες τέτοιες μην καταδεχθείς.
Σαν έτοιμος από καιρό, σα θαρραλέος,
σαν που ταιριάζει σε που αξιώθηκες μια τέτοια πόλι,
πλησίασε σταθερά προς το παράθυρο,
κι άκουσε με συγκίνησιν, αλλ’ όχι
με των δειλών τα παρακάλια και παράπονα,
ως τελευταία απόλαυσι τους ήχους,
τα εξαίσια όργανα του μυστικού θιάσου,
κι αποχαιρέτα την, την Aλεξάνδρεια που χάνεις.
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Quand vers minuit, soudain, |
Ci-après "Antoine abandonné des dieux", de Constantin Cavafis lu par Guillaume Gallienne dans une traduction de Dominique Grandmont
Grâce à une mention dans l'article que Nicolas Pitsos consace à l’œuvre et l’univers du poète grec alexandrin Constantin Cavafy (1863-1933) dans le carreau de Bulac, j'ai découvert un lien entre Cavafy et Léonard Cohen...Je l'ai suivi, bien entendu.
Léonard Cohen s'est inspiré du poème de Cavafy pour composer sa chanson : Alexandra leaving
Suddenly the night has grown colder
The god of love preparing to depart
Alexandra hoisted on his shoulder
They slip between the sentries of the heart
Upheld by the simplicities of pleasure
They gain the light, they formlessly entwine;
And radiant beyond your widest measure
They fall among the voices and the wine
It’s not a trick, your senses all deceiving
A fitful dream, the morning will exhaust –
Say goodbye to Alexandra leaving
Then say goodbye to Alexandra lost
Even though she sleeps upon your satin;
Even though she wakes you with a kiss
Do not say the moment was imagined;
Do not stoop to strategies like this
As someone long prepared for this to happen
Go firmly to the window. Drink it in
Exquisite music. Alexandra laughing
Your first commitments tangible again
And you who had the honor of her evening
And by that honor had your own restored –
Say goodbye to Alexandra leaving;
Alexandra leaving with her lord
Even though she sleeps upon your satin;
Even though she wakes you with a kiss
Do not say the moment was imagined;
Do not stoop to strategies like this
As someone long prepared for the occasion;
In full command of every plan you wrecked –
Do not choose a coward’s explanation
That hides behind the cause and the effect
And you who were bewildered by a meaning;
Whose code was broken, crucifix uncrossed –
Say goodbye to Alexandra leaving
Then say goodbye to Alexandra lost
Say goodbye to Alexandra leaving
Then say goodbye to Alexandra lost
Une dernière suggestion de lien à suivre ? : "Alexandra leaving" sur le randonneur pensif pour une très fine analyse de cette chanson et du poème de Cavafy qui l'a inspirée.
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