Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
1 Juillet 2025
En grec le mot paroimia, connu dès Eschyle {Agamemnon, 264), a été interprété de plusieurs manières. Il ne semble pas pourtant qu’on puisse le comprendre autrement que comme «une parole à côté (d’une autre)», c’est-à-dire une comparaison, si nous remarquons que le préfixe para- doit avoir le même sens que dans parâllélos « placé l’un à côté de 'autre, semblable», dans parabole «comparaison», dans paronomasia
«rapprochement de mots». La permanence de ce sens de «comparaison» est assurée par un emploi, isolé, il est vrai, de paroimia comme « parabole évangélique» dans St Jean (10, 6-16, 25). Et surtout, il faut remarquer
que plusieurs langues ont un calque sémantique, par emprunt direct ou indirect au grec, et qui impose ce sens de « parole parallèle ».).
Les proverbes et expressions proverbiales font partie de notre trésor folklorique : en quelques mots, ils transmettent la sagesse et l'histoire populaires. Ils ont été transmis oralement de génération en génération au fil du temps. Ce sont des phrases laconiques et élégantes de notre parler local, décrivant le côté positif ou négatif de la vie, les relations humaines, les coutumes et les besoins.
Dans la tradition grecque, il existe de nombreux proverbes et expressions faisant référence à Γιάννης. En voici quelques uns :
« Όχι Γιάννης, Γιαννάκης. »
→ « Pas Jean, petit Jean. »
(Sous-entendu : ne minimisez pas une personne ou une chose en la qualifiant de "petite".)
Exemple : Quand quelqu’un dit « Ce n’est qu’une erreur », un autre répond : « Pas une erreur, une grosse bêtise ! » → « Όχι Γιάννης, Γιαννάκης. »
« Σπίτι χωρίς Γιάννη, προκοπή δεν κάνει. »
→ « Une maison sans Jean ne prospère pas. »
(Un foyer a besoin d’un homme pour bien fonctionner – reflet des valeurs traditionnelles.)
« Ακόμα δεν τον είδαμε και Γιάννη τον εβγάλαμε. »
→ « On ne l’a même pas encore vu qu’on l’a déjà appelé Jean. »
(On juge trop vite, sans connaître la personne.)
« Τί κάνεις Γιάννη ; – Κουκιά σπέρνω. »
→ « Que fais-tu, Jean ? – Je sème des fèves. »
(Réponse ironique à une question évidente ou inutile.)
« Σαρανταπέντε Γιάννηδες ενός κοκκόρου γνώση. »
→ « Quarante-cinq Jean valent la science d’un coq. »
(Beaucoup d’ignorants ne remplacent pas un seul expert.)
« Να σε κάψω Γιάννη, να σε αλείψω λάδι (ή μέλι). »
→ « Je te brûlerai, Jean, puis je t’oindrai d’huile (ou de miel). »
(Se dit à quelqu’un qui a provoqué une situation contradictoire.)
« Γιάννης Κερνάει, Γιάννης πίνει. »
→ « Jean sert à boire, Jean boit. »
(Une seule personne cumule deux rôles opposés – conflit d’intérêts.)
« Τί έχεις Γιάννη ; – Τί είχα πάντα. »
→ « Qu’as-tu, Jean ? – Ce que j’ai toujours eu. »
(Réponse fataliste face à une situation inchangée.)
« Φοβάται ο Γιάννης το θερίο κι’α το θεριό το Γιάννη. »
→ « Jean a peur de la bête, et la bête a peur de Jean. »
(La peur est mutuelle – comme dans « Le loup a peur de l’homme, et l’homme du loup ».)
« Πότε ο Γιάννης δεν μπορεί, πότε ο κώλος του πονεί. »
→ « Tantôt Jean ne peut pas, tantôt son derrière lui fait mal. »
(Excuses constantes pour ne rien faire.)
« Αν είχαν οι Γιάννηδες γνώση, μας δάνειζαν καμπόση. »
→ « Si les Jean avaient du savoir, ils nous en prêteraient un peu. »
(Sous-entendu : ils sont ignorants.)
« Άλλη καμιά δε γέννησε/έκανε, μόνο η Μαριώ το Γιάννη. »
→ « Aucune autre n’a enfanté, seule Marie a fait Jean. »
(Critique envers une personne qui se croit unique ou irremplaçable.)
« Και αυτοκράτορας να γίνεις, πάλι Γιάννης θε να μείνεις. »
→ « Même si tu deviens empereur, tu resteras toujours Jean. »
(On ne change pas sa nature profonde.)
« Δεν είναι κάθε μέρα τ’ Αγιαννιού. »
→ « Ce n’est pas tous les jours la Saint-Jean. »
(Les occasions exceptionnelles sont rares – équivalent de « Ce n’est pas tous les jours fête ».)
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