Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
23 Octobre 2025
A propos de Y. Kondos ; ce qu'en dit M. Volkovitch :
L'édition complète des poèmes de Yànnis Kondos est parue pour son soixante-dixième anniversaire : quarante ans de poésie, quatorze recueils, quatre cents pages. Cette œuvre d'une rare constance, fille ou nièce du surréalisme, mais aussi des poètes grecs Sakhtoùris et Sinòpoulos, semble fuir le réel dans un déchaînement de l'imaginaire, d'images folles décrivant un monde absurde et violent où l'on ne peut que reconnaître, indirectement, le nôtre.
L'abondance des poèmes contraste avec leur brièveté. Le titre d'un de ses poèmes dépeint bien Kondos : voici un «athlète du néant», sprinter dans les fulgurances de poèmes très brefs, obstiné comme un coureur de fond. On ne se repose jamais chez lui. Les décors et l'atmosphère changent sans cesse, on marche sur des sables mouvants.
Essayons de comparer avec ses poèmes plus anciens disponibles sur volkovitch.com. Kondos est-il devenu, avec le temps, un peu plus serein par moments ? Le lire en tous cas, même dans les pages les plus noires, c'est être ébloui, stimulé par ses visions d'une exubérante richesse.
Largement reconnu en Grèce, où il a reçu en 1998 le Prix d'État pour la poésie, Kondos est traduit dans une douzaine de langues, ce qui doit en faire le poète de sa génération le moins mal connu à l'étranger.
Η γήρανση του πληθυσμού σε σχέση με τη συνταξιοδότηση
Τι ανηφόρες που έχει η ζωή.
Μετά κάτι σαν τέρμα η στάση
και μετά κενό. Πολλοί θέλουν
να πετάξουν, αλλά μένουν βιδωμένοι στη γη.
Κάνουν διάφορα επαγγέλματα
με ομοιόμορφες κινήσεις. Κάνουν παιδιά
στα σπίτια. Πολλοί λίγοι – ελάχιστοι –
παραμένουν παιδιά. Κρύβουν
τα παιχνίδια τους στην ντουλάπα.
Τα βραδιά τα δείχνουν στο δαίμονα
που τους ακολουθεί. Γελά αυτός
με αγαθότητα, αποκαλύπτοντας μια σειρά
άσπρα δόντια. Καθώς περνούν τα χρόνια,
σπέρνουν μουσικές στο χωράφι τους
κρυφοκοιτώντας τη μαρκίζα του
ουρανού, όπου ο Θεός δημιουργούσε
κρεματους κήπους, ανάλογα το κέφι του.
Χωρίς αιδώ κλείνουν οι πόρτες
των ασφαλιστικών ταμείων
– γιατί ο χρόνος δεν μετριέται με τίποτα –.
Ένα μαύρο σύννεφο σκεπάζει την πόλη.
Τα φώτα χαμηλώνουν, οι σκιές πυκνώνουν.
Τα ρολόγια μετράνε λάθος.
Και το μυαλό μου είναι σκαλωμένο
σε σένα, σχημτίζοντας ορθή γωνία
με το παρελθόν.
In Η υποτείνουσα της σελήνης, 2002
Γιάννης Κοντός
Le vieillissement de la population en relation avec la mise à la retraite
Elle en a des ascensions la vie.
Puis une espèce de terminus ou d'arrêt
puis plus rien. Beaucoup de gens
veulent voler, mais restent vissés au sol.
Ils font divers métiers
aux gestes identiques. Ils font des enfants
fondent un foyer. Peu d'entre eux — bien peu —
restent des enfants. Ils cachent
leurs jouets dans le placard.
Ils les montrent le soir au démon
qui les accompagne. Et lui de rire
l'air candide, en découvrant une rangée
de dents blanches. Les années au passage
sèment des musiques dans leur champ
épiant du coin de l'œil la marquise
du ciel, où Dieu créait
des jardins suspendus, selon l'humeur.
Sans pudeur se ferment les portes
des caisses d'assurances
— car le temps ne se mesure aucunement.
Un nuage noir s'étale sur la ville.
Les lumières baissent, les ombres s'épaississent.
Les pendules comptent faux.
Mon cerveau est bloqué
sur toi, formant un angle droit
avec le passé.
In L'hypoténuse de la lune, 2002
Traduction de Michel Volkovitch
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane