Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
21 Janvier 2015
Plaisir de lecture intense avec ce dernier roman de Ludimila Oulitskaïa toujours traduit par Sophie Benech. Les nombreuses notes ajoutées au texte par la traductrice nous apportent l'éclairage historique qui sous-tend l'intrigue de ce roman.
Lecture glaçante des repères chronologiques en fin d'ouvrage débutant par la mort de Staline en 1953 et s'achevant en 1996 par la mort de Joseph Brodsky.
Ce qu'en dit l'éditeur
Trois amis deviennent dissidents par amour pour la littérature : Ilya, Sania et Micha font connaissance à l’école où ils sont les souffre-douleur d'autres camarades, plus grands ou plus forts. Car Ilya est laid et pauvre ; Sania un musicien fragile ; quant à Micha, il est juif…
Le soutien de leur professeur de lettres est essentiel pour les trois amis, en cette Union Soviétique qui vient de vivre la mort de Staline et où chacun doit se positionner par rapport au pouvoir. Ilya documente ces années mouvementées en prenant des photos, tandis que Micha se rapproche du samizdat. Et lorsque Micha est dénoncé et déporté dans un camp, c’est Sania qui se charge de s'occuper de sa femme et de son enfant.
Dans une vaste fresque qui plonge le lecteur au milieu de la tragédie soviétique, Ludmila Oulitskaïa sait tirer le meilleur profit de son immense talent de conteuse pour évoquer aussi bien la grandeur des hommes mus par le courage, les idéaux et l’amour, que les horreurs de la lâcheté, de la trahison et de la violence politique. Un magnifique roman dans la grande tradition russe.
La lecture du titre "le chapiteau vert" m'a aussitôt fait penser à un tableau d'Ovtchninikov intitulé "Premiers spectateurs" présenté en salle des ventes à Brest dans les années 90.
Puis les premières pages relatant les obsèques de Staline m'ont rappelé le récit d'une amie M. née en Union Soviétique expliquant que sa mère avait dû enfermer sa soeur plus âgée pour l'empêcher d'aller assister aux obsèques du "petit père du Peuple".
"Le chapiteau vert" nous raconte, mieux que tout essai savant, ce que ce fut et ce que c’est aujourd’hui d'être russe.
France Inter nous propose une interview de l'auteur :
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane