Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
28 Février 2025
Des nouvelles de mon tsundoku ?
"Si votre maison brûlait, qu'emporteriez-vous ? - J'emporterai le feu."
Jean Cocteau a soufflé à Leïla Slimani le titre de son dernier livre, J'emporterai le feu. Il constitue l'acte final d'une trilogie : Le Pays des autres (2020) et Regardez-nous danser (2022). Elle y déroule les trajectoires multiples de la famille Belhaj, entre la France et le Maroc, de la Seconde Guerre mondiale jusque sous le règne de Hassan II.
"J’emporterai le feu" est un récit mélancolique, marqué par la figure du père, arrêté, traduit en justice puis emprisonné alors que la jeune femme n’avait que 20 ans. Un homme broyé par le régime monarchique autoritaire du Maroc.. "Dès le tout début de l’écriture, j’avais évacué l’idée de devoir coller à ce qui s’est réellement passé. Je ne voulais pas être l’esclave de la mémoire. Reconstituer la vérité, c’est le travail de la justice, alors qu’avec le roman on fait tout de suite un saut dans l’imagination", déclarait-elle récemment.
Mon avis : le meilleur de la trilogie. Une vraie réussite.
Ici son interview à la Grande Librairie par A. Trapenard
Il ne se passe jamais rien ici - Olivier Adam
La saison touristique touche à sa fin dans ce village niché sur les rives du lac d'Annecy. Comme souvent, Antoine passe la soirée au Café des Sports avec les habitués. L'atmosphère est à la fête. Mais quand, au petit matin, on découvre le corps d'une femme assassinée au bord de l'eau, c'est vers lui que se portent les regards. Connu de tous, jugé instable par beaucoup, y compris par sa propre famille, ce bientôt quadragénaire aux airs d'éternel adolescent fait vite figure de coupable idéal. Sans doute un peu trop. Car, ce soir-là, ils sont nombreux à être partis tard dans la nuit. Dans ce roman redoutable empruntant au genre du roman noir, Olivier Adam donne la parole à tous les protagonistes de l'affaire et fait l'autopsie d'une communauté où sont tapis la violence des hommes et leurs silences.
Mon avis : Toujours autant de plaisir de lecture au fil des ans...
un extrait ? "Le sentier est presque effacé. C'est juste un écrasement d'herbe, un souvenir de passage entre les roches et la végétation rase où percent quelques fleurs, peu soucieuses des saisons, prêtes à tout pour éclore, et je suppose qu'on devrait pouvoir en tirer une leçon sur ces vies qu'on vit malgré tout, en dépit de tout ce qui nous contraint, nous réduit, nous prive de soleil, tout ce dont on s'accommode, pourvu qu'on nous laisse exister."
Dans un tout autre registre, un roman traduit du japonais "Au prochain arrêt" - Arikawa Hiro - traduit par Sophie Refle.
Ce roman de l'auteure des «Mémoires d'un chat» suit le trajet de la ligne Imazu de la compagnie de chemin de fer privée Hankyû. Organisé en deux parties de huit chapitres chacune (comme les huit arrêts du train), il se déroule au printemps dans le sens Takarazuka-Nishinomiya, et en automne pour le retour. À chaque arrêt, de nouveaux passagers montent, se parlent, s'observent. Et, d'un trajet à l'autre comme d'une saison à l'autre, le lecteur se fait l'observateur des paysages changeants, des multiples trajectoires de la vie et surtout de l'évolution de chacun des personnages montés à bord.
L'intrigue m'a replongée dans les années 70, quand je prenais régulièrement un train de banlieue pour me rendre au travail et que je retrouvais chaque matin les mêmes visages....
Ci-après, un extrait qui a évidemment retenu l'intérêt de la glossophile en moi :
"le kanji "soie" 絹 (きぬ, kinu).
"je lui ai demandé de me le décrire. "D'abord il y a celui du fil", qu'il a dit.
- il parlait de la clé, c'est ça ?
- A quoi bon donner la clé ?
Les lycéennes étaient pliées en deux.
- Je sais bien qu'il n'est pas doué, alors je me suis montrée patiente et je lui ai demandé de me décrire ce qu'il y avait à côté. Il a répondu que c'était la lune. Donc c'était le caractère de "Soie".
- Et il a oublié de mentionner la bouche au-dessus !
...et tu lui as dit comment se lisait le caractère ?
Etchan répondit d'un hochement de tête à la question posée par une de ses camarades....Après, je lui ai dit qu'il ferait mieux de se remettre à étudier les caractères. Parce que même si aujourd'hui on écrit tout sur clavier, son ignorance le mettra tôt ou tard dans l'embarras...."
La vie est courte et le temps me manquera pour me plonger dans l'étude de cette langue...Heureusement que les traductrices et traducteurs nous donnent les clés pour découvrir cette littérature.
Février ce fut aussi le temps des séries ; en anglais :
Et aussi un téléfilm "Bénie soit Sixtine" sur France 2 :
L'adaptation du roman éponyme de la journaliste Maylis Adhémar (Éd. Julliard, 2020) sur l'enfermement dans une secte catholique intégriste.
La météo du mois : un peu de soleil, des températures basses, moins de pluie...
Et les oiseaux du jardin ? :
- A noter le retour du verdier (tout seul),
- Un couple de rouge-gorges s'est formé dans notre jardin,
- Un geai des chênes, s'est rapproché des mangeoires. Faute de glands, suite aux tempêtes...
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane