Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
28 Octobre 2021
C'est la 19e exposition que nous visitons au Fhel comme en témoigne l'alignement des catalogues sur l'étagère de la bibliothèque.
C'est toujours un plaisir de découvrir un artiste et son oeuvre. Toute la magie du FHEL est là : à côté des expositions dédiées aux monstres sacrés : Chagall, Picasso, Miro ou H. Moore... que de belles découvertes : Velickovic, Monory ou Hartung, et aujourd'hui : Françoise Petrovitch
«Je lutte contre la narration, contre ce qui donnerait des limites aux figures que je montre. Je propose des blocs d’images, je ne veux pas d’une histoire qui se referme. Si on dit tout, il n’y a plus rien à penser. »
C'est donc à une invitation au rêve que nous convie cette exposition.
"Dessin ou peinture, petit ou grand, intime ou ostentatoire, c'est cet entre-deux qui caractérise les œuvres sur papier de Françoise Pétrovitch. une œuvre le plus souvent tendue entre deux pôles, deux opposés, un univers de transition dans lequel l'artiste se déplace avec légèreté"
Avec en introduction à l'exposition une nouvelle superbe de Marie Darieusecq dont j'ai retrouvé le texte sur le site de F. Petrovitch ainsi que la présentation de la commissaire de l'exposition Camille Morineau.
à lire, dans le superbe catalogue de l'exposition, à s'offrir absolument, peut-être avant de découvrir l'exposition ou après, selon vos goûts....
J'ai choisi de faire un focus sur les séries que j'ai préférées : Dessiner dans les marges
puis un tableau collage très curieux que j'ai détaillé avec beaucoup de curiosité : aurais-je choisi les même images pour illustrer ce moment unique de la vie ?
et la poésie des herbiers...
"Je travaille la ligne de manière directe, il n’y a pas de repentir. Dans ces peintures, je peins dans de la peinture fraîche, donc, je ne peux pas revenir en arrière. J’appuis, ou non, je recharge, et tout se fait dans l’instant même : cela a presque à voir avec l’écriture.."
Françoise Pétrovitch
"Dans les séries, il n'y a pas d'idée de progression : dès le premier dessin, il y a tout. Ici la poupée et son appendice, des membres manquants et la gamme colorée....ce sont des femmes blessées, je parle de la condition féminine, des femmes battues. Mais pas seulement."
Françoise Pétrovitch
"Je lutte contre la narration, contre ce qui donnerait des limites aux figures que je montre. Je propose des blocs d'image, je ne veux pas d'une histoire qui se referme. Si on dit tout, il n'y a plus rien à penser.. mon travail est évidemment figuratif, mais ce n'est jamais avec les ressorts du récit que je pense l'image : elle est toujours décontextualisée, dans l'espace et dans le temps. Quand j'évoque l'enfance, il ne s'agit pas de nostalgie pour une époque chronologiquement précise. C'est un mélange de choses vues, vécues, imaginées, transformées".
Françoise Pétrovitch
Le coup de cœur de Monsieur P. pour les céramiques et la série "dans mes mains".
et le mien pour l'Ogresse - Bronze de la fonderie d'art Rosini, Bobigny - Production pour l'exposition au FHEL.
"Trônant au milieu de la série Nocturne, la sculpture modèle une enfant, qui tient entre ses dents un os. Ainsi naît l'ogresse, version féminine et féministe où l'une des petites filles aurait choisi, plutôt que d'être victime de l'inceste collectif, de tuer puis de manger l'ogre dans une sorte de rite monstrueux et serait ensuite montée sur un rocher comme sur un piédestal pour afficher sa victoire sanglante."
Source : catalogue expo FHEL -Camille Morineau
La série des "effacements"
"Les mains sur le visage qui cachent, qui protègent, qui refusent de voir...quand les paupières sont closes ou cachées, c'est pour moi une manière de rediriger le regard : on regarde davantage la peinture, on voit plutôt une abstraction, des couleurs sur un fond"
Françoise Pétrovitch
Le site de l'artiste me permet de vous présenter un extrait d'une des vidéos de l'exposition : Echos.
"Je travaille avec beaucoup de médiums, et la question est de savoir comment faire pour que l’esprit, et ce qui est important soient toujours là, que ce soit dans une sculpture, une vidéo, ou un spectacle vivant. Ce qui m’intéresse, c’est de toujours risquer quelque chose de nouveau, que ce soit le travail de la céramique, du bronze, et même la scénographie d’un spectacle même des danseurs, dans tous les cas, il y a une résistance du matériau, quelque chose qu’on ne connait pas. Je pense qu’il faut être vraiment présent, au service d’un projet, et avoir confiance dans ce qu’on apporte. Il faut être serein, et ne pas avoir peur de ce qu’on a à dire.
Françoise Pétrovitch
Et je termine ce focus avec la série des saints sébastiens en martyrs présentée dans la dernière salle.
Pour prolonger le plaisir de l'exposition Je vous invite à visiter le site de l'artiste qui offre à voir peintures, dessins, sculptures, vidéos, performances, présente ses livres, expositions, et regroupe les textes et interviews qui lui sont consacrés.
L'exposition est ouverte jusqu'au début avril 2022. Tous les détails sont ici ! Pour une visite en toute tranquillité, je vous suggère une visite entre midi et deux : l'expo sera toute à vous !
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane